La Colonne d'Harmonie

Florilège de nos frères musiciens

Dès ses origines, la franc-maçonnerie accorde une place privilégiée à la Musique, dans sa philosophie et son rituel. C'est « l’art le plus chargé de virtualités initiatiques », selon Paul Naudon.
Il est donc tout à fait approprié qu'il y ait eu, et qu'il y ait encore, de nombreux musiciens dans la franc-maçonnerie.

Nos réunions sont ainsi agrémentées de moments musicaux qui servent à rehausser de leur harmonie l’émotion des scènes rituéliques. On entend à cette occasion et par exemple des extraits d’œuvres de nos frères compositeurs.

Période classique

Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791), Die Maurer freunde (La joie du maçon), K. 471, dédiée à Ignaz von Born, Vénérable Maître de L’espérance couronnée

Jean Chrétien BACH (1735-1782), fils cadet de Jean Sébastien, fut initié à la franc-maçonnerie en 1778 dans la Loge des Neuf Muses, n° 235. Il est l'auteur du Concerto pour violoncelle en do mineur. Le frère Johann Christian Bach a été convoqué à la Grande Loge Éternelle le jour de l'an 1782, après avoir passé sa vie à créer une musique éternelle pour le monde.

Louis-Nicolas CLÉRAMBAULT (1676-1749), est membre de la Loge Coustos-Villeroy. Il compose la cantate « Les Francs-Maçons »

Jacques-Christophe NAUDOT (vers 1690-1762) est en 1737, membre des loges maçonniques Sainte-Geneviève et Coustos-Villeroy à Paris. Avec trois de ses frères maçons, il est brièvement incarcéré à la prison de For-l'Évêque lors des persécutions antimaçonniques de 1740. Il dédie plusieurs de ses ouvrages au comte de Clermont qui devient Grand Maître de la Grande Loge de France en 1743. Par exemple, des Marches maçonniques et Chansons notées de "la très vénérable confrérie des francs-maçons". On lui doit de magnifiques concertos pour flûte.

Jean-Philippe RAMEAU (1683-1764) qui, sur un livret rédigé par un franc-maçon Louis de Cahuzac, écrivit Zoroastre (1749), opéra dont les aspects révolutionnaires choquèrent un public conservateur. Mais une fois « édulcoré », l’ouvrage fut triomphalement accueilli. Cahusac et Rameau ont pris prétexte de la vie du prophète Zoroastre pour délivrer, à travers leur opéra, un message philosophique prônant l’utopie d’un monde régi par des lois naturelles et des rois vertueux légitimés davantage par l’amour de leurs sujets que par leurs droits dynastiques.

François-André DANICAN-PHILIDOR (1726-1795), célèbre joueur d’échecs et musicien, auteur de l’oratorio maçonnique Carmen Saeculare (sur un hymne du poète latin Horace)


Période moderne

Luigi CHERUBINI (1760-1842) : auteur de L’Alliance de la Musique et de la Maçonnerie, cantate nommée aussi Amphion

Jan SIBELIUS (1865-1957), On doit à ce compositeur finlandais une grande gamme de musique rituelle maçonnique. Citons en particulier son hymne d'ouverture de la loge et un hymne du premier grade.

Adolphe SAX
Samuel BARBER


Arsène SOUFFRIAU
Quelques titres évocateurs de ce compositeur : Trois Entrées des Dignitaires, Entrée des Profanes, L'Homme Errant, Dans La Nuit, Ô Toi, qui a reçus la Lumière, Source De Chaleur, Les Frères Reçus, Documents Brûlés, Cinq Voyages, Le Chant De L'Étoile, Fanfare d’Allégresse, Sortie des Dignitaires.

Jazz

Duke ELLINGTON fut initié en 1932 à la Social Lodge N°1 de Washington DC. Il a composé "I’m Beginning To See The Light". Le titre de cette chanson que l’on pourrait traduire par « Je Commence À Voir La Lumière » suscite chez les francs-maçons et chez les historiens, beaucoup de polémiques quant à sa vraie nature, amour ou initiation.

Oscar PETERSON a été initié dans une Loge canadienne. Il est le descendant d'esclaves qui sous Lincoln se sont enfouis et ont fondé dans le Nord des USA un réseau sous-terrain maçonnique. Le Frère Duke Ellington l’appelait : le maharadja du piano. Il a écrit et enregistré un grand nombre de thèmes de jazz. Son célèbre « Hymn to Freedom », sur l’album Night Train sorti en 1962, est devenu l’hymne emblématique du mouvement des droits civiques aux États-Unis pendant les années 1960.

John COLTRANE, Grand-Maître du saxophone jazz… . Il a dit : "j’ai fait l’expérience, grâce à Dieu, d’un éveil spirituel qui m’a mené à une vie plus riche, plus remplie, plus productive. À cette époque, j’ai humblement demandé que me soient donnés les moyens et le privilège de rendre les gens heureux à travers la musique. ». Il a encore dit : “Le jazz est selon moi une expression des idéaux les plus élevés. Par conséquent, il contient de la fraternité. Et je crois qu’avec de la fraternité il n’y aurait pas de pauvreté, ni de guerre.


Lionel HAMPTON, fut membre de la franc-maçonnerie dans l'obédience noire Prince Hall, et membre des hauts-grades. On l’appelait dans le milieu musical "Le Lion" et il fut un des premiers à donner ses lettres de noblesse à un instrument né huit ans après lui, le vibraphone.

George GERSWIN, De son vrai nom Jacob Gershowitz, Ce maçon est un compositeur et chef d’orchestre américain. Il est né le 26 septembre 1898 à Brooklyn, New York, au sein d’une famille juive modeste, originaire de Saint-Pétersbourg. Très tôt remarqué pour ses dispositions au piano, il gagne sa vie en composant des chansons dont son frère Israël, dit Ira, aussi maçon, est le parolier. Auteur inoubliable de Porgy and Bess, Rhapsodie in Blue, Un américain à Paris


Glenn MILLER. En septembre 1942, le frère Glenn Miller, a dissous son orchestre pour rejoindre l'armée de l'air et participer à l'effort de guerre. En l'espace d'un an, il a organisé et perfectionné ce qui a été largement reconnu comme la plus grande agrégation de musiciens de danse jamais constituée en une seule unité, le « Maj. Glenn Miller Army Air Force Band ». Pendant les 15 mois où l'unité de Glenn Miller a servi en Europe, elle a fait plus de 350 apparitions personnelles, auxquelles ont assisté 1.250.000 militaires En outre, elle a réalisé plus de 500 émissions de radio pour le plaisir de millions d'autres soldats.

Et tant d'autres...

Le Concert spirituel

Le Concert spirituel a été la première des sociétés de concert, fondée le 22 janvier 1725 à Paris, pour établir et faire des concerts publics de musiques spirituelles dans cette ville les jours où il n'y aura point de spectacle à l'Opéra, comme les trois semaines de Pâques, la Pentecôte, la Toussaint, Noël et toutes les fêtes de Vierge et veilles.

Il s'agissait en fait d'une innovation considérable, appelée à jouer un rôle capital dans la vie musicale française. Pour la première fois, dérogation était faite au privilège de l'Académie royale, qui interdisait à quiconque de faire chanter aucune pièce de musique entière soit en vers français ou d'aucune langue comme de faire aucun concert dans aucuns lieux pour l'entrée desquels on prendrait de l'argent sans la permission par écrit du concessionnaire de l'Académie royale de musique. Pour la première fois aussi apparaît une institution devenue familière : l'orchestre constitué, formé de musiciens de métier, avec un chef et des solistes, qui donne des concerts publics à dates régulières, crée des œuvres nouvelles et tire ses revenus des billets et des abonnements vendus au public. En dehors de l'Opéra, on ne pouvait jusqu'alors en France entendre de musique que dans les salons de la ville, les fêtes de la Cour et les célébrations de l'Église. Assez vite, du reste, le Concert Spirituel dépassera les limites de son cahier des charges, en inscrivant à ses programmes des œuvres symphoniques et concertantes ainsi que des airs ou des scènes lyriques. L'ensemble de ces programmes (8 000 œuvres exécutées au cours de 1280 concerts donnés par l'institution, qui subsista jusqu'en mai 1790) constituent une véritable histoire de la musique française, voire européenne au XVIIIe siècle.

Or, les musiciens francs-maçons ne tardèrent pas à occuper au Concert Spirituel une place privilégiée. Dès les premières années de la société, outre les noms déjà cités, on trouve notamment ceux du flûtiste et compositeur Michel Blavet (1700-1768), du violoniste Guido Giovanni Antonio et, naturellement, de Geminiani, qui n'apparaît pas moins de seize fois ! Le mouvement s'accélérera par la suite, en même temps que se développera le recrutement de la franc-maçonnerie française, jusqu'à ce que les musiciens francs-maçons "noyautent" littéralement le Concert Spirituel ... il y aura dans les années 1780 des concerts où pratiquement toutes les têtes d'affiche, compositeurs, librettistes, chefs d'orchestre et solistes (pour ne pas parler des musiciens du rang), étaient francs-maçons ! Il en sera de même des autres sociétés de concerts fondées sur l'exemple du Concert Spirituel